Orange des fruits du marche de Meknes et des tentures du souk de Fez, orange des remparts de Marrakech et des murailles de Rabat. Vert des cactées de Fez, des oasis du bled, des terrasses de Rabat ou des toits de la Medersa a Marrakech... Couleurs et merveilles du Maroc sont chantées par les peintres et les écrivains du XIX ème siècle, mais la magie des teintes reste longtemps inaccessibles en photographie. Initie par les frères Lumière, l’autochrome est le premier procédé couleur commercialise (1907). C’est celui qu’utilise Jules Gervais-Courtellemont lors du voyage au Maroc qu’il entreprend vers 1912, l’année de la signature du protectorat français. Féru d’orient, converti a l'islam en 1893, Jules Gervais reconnait les bienfaits de la colonisation mais s’inquiète aussi de ses effets sur ce si beau pays. La lumière est froide. Les couleurs sont pales, parfois monochromes. C’est l’hiver, la saison des oranges. Mais les couleurs de l’autochrome ne suffisent pas au photographe. 11 y ajoute au pinceau du vert et de l'orange, rehaussant ainsi ses paysages de gélatine aux couleurs de l’oranger, l’arbre du Maroc.